L‘agriculture urbaine pour la biodiversité en ville

Tandis que Montréal s’apprête à recevoir la COP15, celle-ci invite les villes du monde à s’engager pour la protection de la biodiversité. Elle propose 15 actions pour poursuivre et accélérer la préservation des écosystèmes, dont viser à ce que les zones d’agriculture, d’aquaculture et de sylviculture urbaines soient accessibles, gérées durablement et contribuent à la sécurité alimentaire.Bien entendu, s’assurer que l’agriculture urbaine soit gérée durablement est un objectif qui se doit. Les initiatives d’agriculture urbaine, dont les fermes urbaines, sont souvent même des précurseurs en s’inscrivant dans le développement d’une ville réutilisant ses ressources – une ville circulaire.Par contre, les recherches démontrent aussi que l’agriculture urbaine est un acteur du développement et du maintien de la biodiversité urbaine. Selon différentes études, les jardins communautaires, potagers domestiques ou les fermes maraîchères urbaines favorisent :

  1. le maintien ou la création de corridors écologiques à l’échelle locale (quartier, parcelle). Les initiatives sur toits peuvent favoriser de tels corridors dans des arrondissements avec une forte densité;
  2. le maintien ou la restauration d’une biodiversité cultivée et de savoir-faire locaux ;
  3. la création d’habitats favorables pour les espèces locales ;
  4. le maintien ou la restauration des processus écologiques du sol (fertilités, cycles biogéochimiques, cycle de l’eau, maintien de la structure, perméabilité, activité bactérienne) ;
  5. la réduction de l’empreinte écologique : consommation de ressources naturelles, eau, énergie, intrants organiques et inorganiques, circuits de distribution, déchets, denrées alimentaires et leurs flux respectifs.

Les recherches montrent que les jardins urbains (communautaires, collectifs, familiaux, etc.) enregistrent une plus grande présence et diversité de pollinisateurs qu’un parc urbain. Une étude dans les jardins communautaires montréalais montre que les jardins communautaires ont le plus haut niveau de diversité fonctionnel dans les espaces verts urbains et qu’ils contribuent substantiellement au maintien des communautés d’abeilles urbaines en offrant un service écologique pour les pollinisateurs.D’autres études montrent qu’en favorisant de petits espaces dédiées aux pollinisateurs, cet effet peut être encore plus important. Les sols de jardins présentent aussi une fertilité indéniable, lui conférant le potentiel d’être le support d’une biodiversité élevée. D’autres travaux récents démontrent une biodiversité des sols surprenante dans les jardins familiaux, avec des niveaux de diversité équivalents, voire supérieurs aux forêts.Par contre, la biodiversité végétale des jardins est influencée à la fois par les revenus, la culture, la gestion et le lieu des jardiniers et jardinières. Si les jardins offrent une réserve de biodiversité végétale non négligeable, son développement se doit d’être mieux documenté et accompagné. C’est-ce que ce propose de faire le Laboratoire sur l’agriculture urbaine (AU/LAB) dans les prochaines années, soit en réalisant des projets d’intervention, en mobilisant la communauté scientifique et en réalisant du transfert des connaissances autour de ce thème. La biodiversité constitue un nouvel élément de réflexion pour l’aménagement des jardins et la gestion des programmes municipaux d’agriculture urbaine qui vient se joindre à sa contribution pour la sécurité alimentaire.Il faut augmenter la place de l’agriculture urbaine, sous toutes ses formes dans la superficie des espaces verts et bleus et de l’intégrer dans la planification territoriale de la ville. Montréal est déjà un fer de lance dans le domaine, ses engagements dans le cadre de la COP-15, ne peuvent que lui permettre d'aller plus loin!Éric Duchemin,Directeur scientifique, AU/LAB

Précédent
Précédent

QuébeCulteurs : un nouveau programme pour stimuler l’agriculture urbaine commerciale

Suivant
Suivant

Incorporer l’agriculture urbaine aux festivités!