L’agriculture urbaine comme un outil d’inclusion pour les personnes immigrantes et réfugiées
Des initiatives d’agriculture urbaine mis en place pour les personnes immigrantes, avec le statut de réfugié et demandeuses d’asile (migrants) se développent, particulièrement en Amérique du Nord. Refugee Urban Garden à Philadelphie, New Roots Community Farm à New York, Ohio City Farm ou encore Flemo Farm à Toronto sont des exemples de telles initiatives. Par contre, les connaissances sur ce type de projets, sur les bonnes pratiques et sur leurs impacts restent encore peu connues et peu diffusées. Cette synthèse de la littérature scientifique, effectuée par le Laboratoire sur l’agriculture urbaine (AU/LAB), est une amorce afin de répondre à cette absence. Elle présente aussi quelques cas venant illustrer les résultats de recherche.
Les recherches disponibles explorent et documentent l’utilisation faite de l’agriculture urbaine par les migrants et son utilité pour ces derniers et pour les communautés et territoires d’accueil. Les études se sont déroulées dans différents pays (en Europe – Espagne et Allemagne, en Océanie – Australie et Nouvelle-Zélande, en Amérique du Nord – États-Unis et Canada, Amérique Centrale – Cuba et îles de la Caraïbe). Malgré le peu de recherches actuellement disponibles, il apparaît évident que l’agriculture urbaine est l’un des éléments du système alimentaire des personnes immigrantes et réfugiées dans les pays d’accueil.
La revue de littérature effectuée dans le cadre de ce texte a permis de classer les recherches sous 4 thèmes, soit :
les savoirs agricoles des migrants permettant la pratique agro-urbaine,
le rôle de l’AU sur le bien-être des migrants,
le rôle de l’AU dans les processus d’adaptation et d’inclusion et
le rôle de l’AU dans la (re)construction d’une identité gustative et culturelle.
Cette revue de littérature a aussi permet d’identifier deux thèmes intéressants à approfondir dans le cadre de futures recherches en agriculture urbaine, soit :
la part de la production de l’agriculture urbaine pratiquée par les migrants (plantes alimentaires culturellement significatives) sur l’approvisionnement alimentaire du foyer. Comment est-elle intégrée dans le mode de consommation (achat et incorporation alimentaire), dans le système alimentaire domestique des personnes immigrantes et réfugiées ?
L’aspect de la transformation culinaire de ces plantes n’est que peu évoqué dans les recherches. Or, si l’on sait que les plantes sont consommées selon différentes stratégies, il est encore difficile de connaître l’usage précis de ces plantes, les raisons de cet usage et l’impact sur le quotidien du ménage du migrant qui pratique l’
Cette revue de littérature confirme la pertinence de poursuivre la réflexion et la documentation des pratiques d’agriculture urbaine des migrants au Canada, au Québec et à Montréal, mais aussi de développer des projets pilotes permettant l’expérimentation et la documentation. Avec l’arrivée croissante de demandeurs d’asile au Québec (surtout à Montréal), avec les enjeux vécus par les réfugiés et les immigrantes récents, tant au niveau de l’insécurité alimentaire que de l’inclusion sociale, il apparaît que l’agriculture urbaine peut être un outil d’intervention adapté supplémentaire pour l’intervention sur le terrain. Comme le démontrent les études de cas présentées, la manière de faire peut être diversifiée, prendre différentes formes.
Pour AU/LAB, cette synthèse de la littérature scientifique est une première étape pour le développement d’un cycle de recherche et d’intervention sur cette question.
Pour consulter la revue de la littérature
Eguienta, A. et E. Duchemin (2023), L’agriculture urbaine comme un outil d’inclusion pour les personnes immigrantes et réfugiées : note du Laboratoire sur l’agriculture urbaine, Laboratoire sur l’agriculture urbaine, Montréal, 26 p., [En ligne] URL : https://bit.ly/3MaEaa9
Ce rapport a été réalisé en partie dans le cadre du DESS en étude sur l’alimentation de l’Université du Québec à Montréal duquel Angèle Eguienta est diplômée